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Le style « Pierrot Rajaonarivelo » : l’élégance et la force de la sagesse

18 mars 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chacun son style dit-on souvent. Les personnalités politiques malgaches eux, en ont, chacun, et qui mérite d’être scruté pour mieux apprécier leurs capacités à gouverner le pays. Mais ce qui suscite une curiosité, tellement son style  se distingue des autres, est celui qu’arbore et exerce le président du Mouvement pour la Démocratie Malgache (MDM), Pierrot Rajaonarivelo qui, lui, semble marier « sagesse » et « humilité ». Une attitude absolument inhabituelle dans les marigots politiques malgaches.

Les anciens chefs d’Etat ont chacun leur propre personnalité politique qui se révèle à travers leur style de gouvernance, leur mode de pensée, et surtout dans leur propre attitude : Didier Ratsiraka aimait bien montrer qu’il est « militaire », donc fougueux à la limite même du prétentieux. Ses longs exercices d’étalages de connaissances, notamment, par le biais d’une certaine vantardise à propos de sa maîtrise de la langue de Molière, l’a beaucoup distingué. Jusqu’à ce jour, il n’en cache pas, au contraire, il en fait toujours une fierté, sa « marque de fabrique ». Favoriser le langage dit « soutenu » au mépris du celui dit « familier » est un exercice qu’affectionne Didier Ratsiraka.

Le professeur Albert Zafy a un autre style presque opposé à celui de Ratsiraka : Une sorte de mélange de fausse-sagesse et un tenace entêtement selon certaines circonstances. Ce qui lui a valu d’ailleurs l’étiquette de « naïf » (cause de son empêchement par les députés qui sont majoritairement issu de son propre camps en  1995). Il lui arrive de commettre facilement l’erreur de se laisser emporter par l’émotion plutôt que d’écouter et de toujours suivre la raison.

La preuve en est que les citoyens lambda ne comprennent toujours pas pourquoi il est devenu actuellement à la fois le « souffre-douleur » et le « faire-valoir » d’une mouvance politique regroupant les deux anciens chefs d’Etat et ses adversaires politiques  qu’il n’a pourtant eu de cesse de combattre tout le long de sa vie politique – Zafy Albert n’a jamais reconnu aussi bien Didier Ratsiraka que Marc Ravalomanana comme « président de la République » – et son groupe.

Un autre style aussi est celui de l’ancien chef d’Etat, Marc Ravalomanana. Un style teinté malheureusement d’une forte arrogance où tout le monde est, à ses yeux, fainéant et qu’il est le seul qui connaît « tout ». Personne n’oublie la façon dont Marc Ravalomanana traitait ses ministres avec, souvent, des humiliations publiques. Qui a oublié l’insulte suprême qu’il a asséné aux valeureux combattant contre l’empire coloniale tombés sous les balles de celui-ci le 29 mars 1947, lorsqu’il évoquait qu’il ne pense qu’à « l’avenir » et « non au passé » ? Le pire c’est qu’il est même allé à considérer l’Etat malgache comme « sa propre société » sous prétexte qu’il est un capitaine d’industrie, alors que ce genre de confusion est la pire cause, voire même le vecteur de la mal-gouvernance. Cette arrogance qui lui a coûté son poste ne le quitte toujours pas jusqu’à ce jour si on n’en juge que par ces différentes et récentes déclarations à l’encontre de l’actuel régime.

L’actuel chef d’Etat, Andry Rajoelina, au délà de l’excuse que l’on peut lui accorder pour son jeune âge, a, lui aussi, un style assez particulier qui frise malheureusement la prétention. Le fait de parler au 3ème personne du singulier en parlant de sa propre personne est un cas particulièrement révélateur. Ses propos qui consistent à, souvent, insulter les anciens dirigeants – ce qui est déjà perçus par beaucoup de gens comme une forme de « gérontophobie » politique (un concept anti-vieux) difficilement admissible – passe mal auprès de l’opinion publique. L’attitude « je suis jeune donc je suis et je connais tout » agace les malgaches et s’oppose à la perception que le peuple fait d’un chef d’Etat, c’est à dire un « Ray Amandreny », un parent aimant, qui arrive à transcender sur les différences de ses enfants. Ce que Andry Rajoelina n’a, manifestement pas, et ce qui est dommage.

C’est pour cela que le style de Pierrot Rajaonarivelo sort du lot car il n’a rien de tout ce qu’ont ces chefs d’Etat : Il n’est ni arrogant, ni prétentieux ni naïf et encore moins un « je-sais-tout ». Au contraire, son attitude favorisant toujours le compromis, le consensus fait de lui l’homme sage de la politique malgache. Sa capacité à incarner l’humilité et à répondre aux attaques de ses adversaires sans haine ni passion, suscite l’estime. Il est vrai que cela peut être considéré à la fois comme aussi bien une force qu’une faiblesse : Une force d’abord parce l’humilité n’a jamais été un défaut, et surtout que la culture malgache, soucieuse d’un environnement politique apaisé, a toujours primé la sagesse (la sacrosainte notion du « Fihavanana« ) et banni l’arrogance. Mais aussi ce style peut être vu comme une faiblesse lorsque face à un adversaire belliqueux et violent, la sagesse se révèle souvent être une arme assez démunie, inefficace,  car n’arrive pas (tout au moins dans l’immédiat) d’empêcher l’existence des victimes.

Ce style en forme de couple « sagesse-humilité » n’est rien de nouveau ni n’émane d’un écart opportuniste propre à certains politiciens, mais semble avoir toujours été une constance chez Pierrot Rajaonarivelo : Pendant qu’en 2002, Didier Ratsiraka et Ravalomanana se disputaient violemment le pouvoir, Pierrot Rajaonarivelo, lui a choisi de créer le comité pour la réconciliation nationale qui favorise le dialogue politique au lieu et à la place des conflits meurtriers ; Lorsque durant son long règne, Ravalomanana lui infligeait, à lui et à sa famille, harcèlement et condamnations, Pierrot Rajaonarivelo, a continué à pratiquer l’opposition démocratique par le biais de son parti AREMA à travers une démarche dite politique de « la main tendue » dans le seul souci d’apaiser le climat politique toujours en ébullition.

C’est la même chose, lorsqu’en 2009, après la chute de marc Ravalomanana, il comptait rentrer au pays mais que l’actuel régime tenta de l’en empêcher, Pierrot Rajaonarivelo ne s’est jamais rabaissé à laisser la haine l’envahir, mais a toujours favorisé le dialogue et surtout contribué à chercher les solutions à la crise qui mine le pays depuis deux ans. C’est pour cette raison qu’il a toujours refusé de siéger dans les gouvernements successifs de la HAT et ne compte le faire que si et seulement si ce gouvernement aura l’onction de la communauté internationale.

C’est en conformité avec cette logique qu’il a déclaré publiquement vouloir intégrer le gouvernement d’union nationale comme prévu par la feuille de route initiée par la communauté internationale par l’entremise de la médiation de la SADC.

Cependant, au vu de la décision de Andry Rajoelina à « reconduire » le « sortant » général Camille Vital au poste de premier ministre, coulant ainsi tout net l’esprit de la feuille de route, il est fort à parier que Pierrot Rajaonarivelo n’intégrera le gouvernement du général Camille Vital car cette nomination a été très mal perçue par la CI qui se sentait par là trompée.

Mais par humilité, Pierrot Rajaonarivelo saura réagir comme il le faut face à la situation, c’est à dire « sans se montrer arrogant » ni « jeter de l’anathème » à qui que ce soit. Il saura, comme à son habitude, dire les mots sages que les malgaches attendaient. Quel style !

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  1. Maître RAFFI permalink
    30 mars 2011 05:11

    Qui ne peut pas se féliciter de cette nomination de ce serviteur de la Nation malgache en devenir à un potefeuille aussi sensible et essentiel.

    Puisse-t-il ne jamais se départir de sa force et sa vigueur pour déjouer les pièges qui lui seront tendus et continuer à tranquillement oeuvrer dans la transparence et la rigueur de ses convictions.

    Bonne route et à trés bientôt

    Veloma

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