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Les insolites des 3 mouvances : Une parodie de sincérité !

22 mars 2011

Voilà une photo qui suscite d’énorme interrogation et qui, à elle seule, peut être un bon sujet d’examen traitant la vicissitude de la classe politique malgache depuis des décennies. Il s’agit de la photo des trois (3) anciens présidents de la Républiques de Madagascar et qui composent actuellement ce qu’on appelle les « 3 mouvances »: Zafy Albert (à gauche), Didier Ratsiraka (au centre) et Marc Ravalomanana (à droite).

A gauche, il y a le professeur Zafy Albert, farouche opposant au régime de Didier Ratsiraka depuis 1972 lorsqu’il fut ministre de la santé au sein du gouvernement du général Ramanantsoa  – avec Ratsiraka – (celui-ci occupa le poste de ministre des affaires étrangères), et pendant le long règne de plus de 25 ans de ce dernier, arrivé au pouvoir en 1975.

Zafy Albert n’a jamais reconnu Didier Ratsiraka comme président de la République de Madagascar car il a d’abord contesté le mode d’accession de celui-ci au pouvoir, mais surtout, il doutait de la sincérité de toutes les élections tenues durant  les années révolutionnaires de Didier Ratsiraka.

Le 10 août 1991, le président Ratsiraka a même ouvert délibérément le feu contre les partisans de Zafy Albert venus – aux mains nues –  défier son pouvoir par la rue, faisant des dizaines de morts, ce qui a conduit à la chute de son régime.

Pareillement, le même Zafy Albert n’a jamais reconnu le pouvoir de Marc Ravalomanana (photo de droite) issu d’un coup d’Etat qui ne disait pas son nom un certain 22 février 2002 lorsque ce dernier s’autoproclama « président de la République » sans avoir été élu, ce qui a provoqué, par la suite, une guerre civile inédite. Pire, le régime de Marc Ravalomanana a été critiqué et combattu par Zafy Albert à cause de la politique d’exclusion sans communes mesures qu’il incarnait, détruisant gravement la société malgache et cultivant douloureusement dans le tissu social le germe de la division ethnique dont on aperçoit encore à ce jour (chez les partisans du régime déchu de Ravalomanana) certains stigmates difficilement camouflable.

Didier Ratsiraka est le président qui a été chassé du pouvoir par Marc Ravalomanana en 2002 à l’issue d’une guerre civile meurtrière et a été, par la suite, envoyé et tenu en exil en France depuis 2002. Il n’a jamais reconnu Marc Ravalomanana comme Président de la République et a beaucoup contribué tant en terme de moyen humain que financier à la chute du régime de Ravalomanana en 2009.

Zafy Albert et Ratsiraka ont, activement,  aidé le jeune président de la HAT, Andry Rajoelina, à chasser Marc Ravalomanana du pouvoir en 2009 avant d’être trahi  – comme des bleus –  par le jeune homme devenu friand du pouvoir jusqu’à ne plus jamais vouloir le quitter. Du coup, les deux anciens chefs d’Etat se sont, alors, ligués pour le chasser à son tour du pouvoir, et la manœuvre dure maintenant depuis deux ans avec plus ou moins de succès car même si le régime TGV n’est pas tombé, il n’en demeure pas moins qu’il n’a toujours pas été reconnu par la communauté internationale.

Repêchés par la communauté internationale pour régler la crise politique actuelle, les trois (3) anciens chefs d’Etat forment les « 3 mouvances » pour contrecarrer toute démarche « unilatéraliste » d’Andry Rajoelina. Sauf qu’au lieu qu’ils soient réellement animés par la volonté de rétablir l’ordre constitutionnel, les 3 anciens chefs d’Etats, à l’exception peut-être de Zafy Albert, ne rêvent en fin de compte que de se réinstaller à la tête de l’Etat, en spéculant sur des petites calculs politiques politiciennes, cela, en dépit de toutes les circonstances et conditions ayant modelé la situation actuelle.

Des rencontres, à Maputo, à Addis-Abeba voire à Pretoria ont été organisées afin que ces trois personnes puissent, avec Andry Rajoelina, trouver un terrain d’entente sinon des solutions pour mettre un terme à la crise politique qui sévit depuis le coup d’Etat du 17 mars 2009. Sauf que, se montrant plus soucieux de leurs propres ambitions plutôt que du sort de la population malgache, les quatre personnalités politiques concernées par les rencontres se sont heurtées à une impasse infranchissable: L’intransigeance des uns et des autres ont été telles – chacun voulait, en fait, être à la tête de la Transtion – qu’elles ont fini par faire capoter toutes les tentatives de sortie de crises.

Et voilà que maintenant les 3 anciens chefs d’Etat – un peu largués par l’imprévisibilité et la volte face incessante d’Andry Rajoelina – (mais) qui continuent toujours à ne chercher qu’à retrouver les fauteuils présidentiels perdus, se les disputent avec le nouveau chef d’Etat de fait, qui, lui, aussi, n’affiche qu’une seule ambition : confisquer le pouvoir « non souverain » acquis par la force.

De là alors à croire maintenant que le rassemblement de ces trois chefs d’Etat-là relève d’un geste politique « louable » et de haute intelligence dont ils veulent faire preuve, puisque signe, semble-t-il, de réconciliation entre eux, c’est du moins « prendre des vessies pour des lanternes », sinon « se foutre de la gueule du monde« .

Deux choses seulement unissent les trois(3) anciens chefs d’Etat, et qui donne à leur mouvance une nature purement circonstancielle : d’abord, La haine commune envers Andry Rajoelina (l’adversaire à abattre), et ensuite, la prétention (ou l’espoir), pour chacun d’eux, de croire qu’un des trois arriverait facilement à trahir les deux autres colistiers et se mettre aussitôt à la place de président de la République une fois Andry Rajoelina trébuche. Ni plus ni moins.

A voir de près la photo, on décèle nettement que la sincérité affichée par les uns et les autres n’est qu’une pure parodie pittoresque.

2 commentaires leave one →
  1. Jipo permalink
    23 mars 2011 12:48

    Voilà une analyse réaliste de la réalité malgache, un panier de crustacés , ou chacun essaye de s’approprier le meilleur morceau, ou : la place de choix, en se souciant pas mal du regard de leur compatriotes, l’altruisme, n’étant pas encore de mise chez cette race d’individu, et l’hospitalié caractéristique à Madagascar , n’a pas réussi à dépasser les frontières des campagnes .

  2. Maître RAFFI permalink
    31 mars 2011 04:39

    Jipo

    pensez-vous qu’aux yeux de la population malgache, Pierrot Rajaonarivelo est différent et ne risque pas d’être mis dans votre fameux panier.

    comment doit-il agir dans les 6 courts mois qui nous séparent de la Présidentielle pour s’élever au dessus du lot ?

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